Jésus, une vie à raconter
Dans le contexte culturel du Ier siècle de notre ère, écrire une vie de Jésus — ce que nous appelons un évangile — constituait un défi apparemment impossible à relever. Car il n’y avait pas seulement à s’inspirer du précédent biblique, les vies d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Joseph, de Moïse, de Samson, de Samuel et de David dues aux écrivains sacrés. Il fallait aussi affronter le genre gréco-romain de la biographie, dont les protagonistes étaient exclusivement de « grands hommes », jouissant d’une belle reconnaissance sociale. Or, Jésus, rejeté par ses coreligionnaires parce que mort en croix comme blasphémateur et séducteur du peuple, ne pouvait a priori pas prétendre à une biographie de ce genre.
Les évangiles synoptiques ont, en conséquence, reconfiguré le genre « biographique » de l’époque en y faisant jouer de manière inédite le phénomène de la reconnaissance.
Derrière la naissance du genre évangélique, il y a donc l’invention d’un modèle narratif d’ensemble, dont le point focal est la reconnaissance du Christ en son paradoxe pascal. Ce modèle est la raison d’être des récits attribués à Matthieu, à Marc et à Luc.
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