Du Sinaï au Champ-de-Mars
En son institution juridique, le lien social relève-t-il de l’autre (hétéronomie) ou du même (autonomie) ? Pour répondre à cette question, François Ost revisite trois lieux symboliques de la légitimité du droit : le Mont Sinaï où le peuple d’Israël reçut la loi «du haut du ciel», la colline du Pnyx aux flancs de laquelle délibérait la démocratie athénienne, le Champ-de-Mars à Paris où se prêtait dès 1790 le serment de loyauté aux institutions révolutionnaires. À chaque étape, il s’avère que le droit imposé (hétéronomie) est, en définitive, bien plus négocié (autonomie) qu’on ne le croit et que le droit négocié est plus imposé qu’il n’y paraît. La verticalité de la révélation au Sinaï se double d’un dialogue où les deux partenaires — Dieu et l’homme — apprennent patiemment la loi de leurs rapports. La démocratie grecque organise son autonomie au moment ou les tragédies classiques mettent en scène le retour obsédant de l’autre, s’inscrivant en faux ou en garant dans la raison du même. Vingt-trois siècles plus tard, le contrat social prétend à l’autonomie radicale alors que se déclare, dans les textes fondateurs, l’impossibilité de toute autofondation dans une société d’êtres sans doute «libres et égaux», mais qui ne se racontent plus — comme les Juifs et les Grecs — leurs histoires de libération ou d’égalisation. Bref, les trois symboles historiques pointent vers un phénomène singulier d’autotranscendance : une société ne peut être autonome que dans l’espace instituant d’un tiers qu’elle n’est pas. Elle ne peut négocier son droit que dans l’horizon d’une loi qu’elle n’a pas produite et que, pourtant, elle contribue à faire advenir. La presse en parle «Au-delà de ses qualités d’écriture, de profondeur ou de poésie, ce livre nous amène à réfléchir sur l’incertitude des fondements du droit…»Paul Martens (Journal des tribunaux)
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