Rivages n.30
Dans la Grèce antique, l’Agora d’Athènes résonnait des débats entre citoyens. Cependant, il semble que Platon considérait que trop de voix et de passions s’y faisaient entendre : il eût préféré que les choix rationnels soient plus présents. La démocratie naissait, mais elle est un art fragile ! Nous le constatons encore, ne serait-ce que par son double attachement : aux droits de l’homme et à la souveraineté populaire.
Comment rassembler des groupes différents et créer une articulation entre délibérations et décisions. Le débat est le nœud de la démocratie: il en est sa condition.
Cette culture du débat est partout aujourd’hui et les réseaux sociaux favorisent une nouvelle forme de communication. Peut-on parler de débat ? Pour certains, du fait de l’utilisation des algorithmes , ils font plutôt le jeu de la pensée unique et fracturent la société.
Les opinions ne sont guère développées et la place est large pour les émotions, coups de sang ou coups de cœur.
Certains médias embrayent en choisissant des débatteurs sans scrupules pour finalement créer du spectacle ! A moins que ce ne soit ce spectacle du « gagnant » à tout prix -qui gangrène notre société- qui soit donné à voir . Bien sûr, dans débattre, il y a battre, mais ce serait plus inspirant de pratiquer le débat à l’image des disputationesmédiévales en Sorbonne : ces joutes oratoires permettaient de mieux comprendre les arguments des thèses opposées.
Or, le développement de tous les moyens de communication et les questions d’environnement et de santé montrent que nous allons vers un « débat mondial ». Le défi est de remettre de l’éthique dans le débat. Cela pourrait être la conscience de socles de valeurs au travers d’une « raison communicationnelle » .
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